Notice de l'œuvre
Mon diplôme a pour sujet l’aliénation.
Le concept d’aliénation présente une telle variété de significations qu’on peut douter qu’il puisse offrir un usage rigoureux, personnellement, j’entends l’aliénation comme la perte de contrôle (réelle ou pas) sur sa propre vie. Par conséquent, on se regarde vivre notre propre vie tel un spectateur face à un film.
En effet ce mot résonne beaucoup avec mon vécu ce qui m’as porté à chercher à représenter à travers l’installation, la peinture, et le volume cette sensation.
Le titre fait allusion à ce sujet, l’aliéné perçoit le monde comme fade ; familier partout familier nulle part, on est comme dans un espace de transition constant, on pense le reconnaître, mais il est privé de réelle chaleur humaine et d'intimité, comme vivre dans un seuil sans arrivée ni départ.
Dans mon diplôme, je fais alors appel à des esthétiques retro comme la vaporwave en reprenant des vieux objets vintages ou encore des appareils technologiques usagés pour suggérer cet éloignement de la réalité et une tendance à fuir dans les rêves dans ou dans un passé idéalisé, mais jamais vécu avec une pointe d’ironie.
La critique de Chute Libre
Le travail de Clarence commence par une réflexion sur l'espace intime, sur l'espace de la famille et sur l'aliénation.
Son titre, "Limen", fais référence à la frontière subtile entre le familier et le non-familier. Plus intimement, il parle de cette sensation d'appartenance dont le contrôle est aliéné, et qui suscite un éloignement de la destination finale : la maison. Chez Clarence, la maison est représentée au travers du prisme de la quotidienneté ; il joue avec les éléments présents dans un espace brut et aseptisé, afin d'emmener le regardeur dans une position nouvelle d'entre-deux sensible et amère.
Au travers des objets du passé comme des meubles, des chaises, des couleurs, il met en scène toute une esthétique de la nostalgie qui, mit en confrontation avec sa mise en espace d'une esthétique "vaporwave", trouve un sens à son sentiment d'aliénation. Il joue avec les différentes fonctions de ses médiums, comme la peinture à l'huile, qui est une technique traditionnelle qu'il confronte avec des objets et meubles de récupération aux apparences plus modernes, technologiques.
Cette façon de proposer des objets du quotidien qui ne lui appartiennent pas montre que Clarence veut provoquer chez nous une forte accroche sensible. Il reste cependant maître de son travail, et propose alors une cartographie de peintures à l'huile, représentant des espaces et objets de la vie de tous les jours, comme des chaises, des salons, des jardins. Cette chaleur apportée du quotidien entre en confrontation directe avec les objets rétro qu'il s'approprie. Pour lui, c'est une perte de contrôle. Pour le regardeur, c'est une perte de repère. On tombe pile dans son "Limen".
Au travers de son installation, Clarence nous offre un voyage dans nos propres émotions d'aliénation, et dans cette nostalgie amer de la maison passée.
04/09/2025