La critique de Chute Libre
Par "monstrer", Florent entend faire vivre ses monstres, pouvoir les montrer, mais surtout les voir. Depuis trois ans maintenant, l'artiste cherche à représenter ce que l'hôpital est pour lui, ce qu'il lui fait vivre. C'est donc au travers de dessins et d'animations que Florent nous ouvre les portes de son quotidien, tant physique qu'émotionnel.
Le travail de Florent réside autant dans une monstration de sentiment que dans une exploration de ses angoisses. Avec ses médiums, il fait devenir "monstre" les médicaments et différents états qu'il traverse. Il personnifie la maladie, pour mieux la voir et que nous puissions l'appréhender avec justesse. Cette recherche sentimentale, nous la trouvons précisément dans ses animations, qui nous laissent voir les différents "monstres" de l'hôpital. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il dresse non seulement un portrait intime, irréfragablement sensible, mais qu'il n'est pas pour autant dénué de pluralité : son travail parle aux autres, aux patients, médecins, infirmiers qui partagent son quotidien. C'est cette pluralité qui fait aussi sa force.
Son installation diplômante (que j'ai eu la chance de voir) retrace les éléments vécus qu'il a personnifié. Nous nous retrouvons donc devant des pilules, puis en descendant, ses monstres. Tout au long de son installation, une notion revient sans cesse, celle de la répétition. Présente dans son travail, on la jouxte facilement à sa vie personnelle, marquée de rendez-vous ou de prise de médicaments réguliers. Cette énergie que l'on distingue avec cette répétition d'image, de codes qu'il créé, nous plonge dans une boucle éreintante, où nous, public, prenons conscience des enjeux d'un séjour en clinique.
Le diplôme de Florent devient une véritable expérience, immersive et complète, où les médiums dialoguent sans se couper. Tirée de ses propres expériences, sa scénographie nous plonge véritablement dans le quotidien d'un malade, et nous fait réfléchir sur ce que cela signifie vraiment, en dehors des codes et imageries médicales populaires parfois faussées.
29/07/2025